La société numérique : une question difficile

Modifié par Clemni

« Le numérique » paraît être le centre névralgique de la société contemporaine, car il pilote la quasi-totalité de ses activités, quelle qu'en soit la nature : les communications, les transports, le commerce, les transactions financières, la distribution des ressources énergétiques et même le fonctionnement des moyens de transport, avions, trains, automobiles.

Faut-il dès lors entendre simplement qu'une part accrue de nos activités privées, professionnelles ou publiques passent par l'emploi d'outils informatiques ? Ou bien – mais l'idée est plus difficile à saisir – que la société contemporaine s'est reconfigurée en tant que telle comme une « société numérique », les lois du numérique prenant progressivement le pas sur les normes sociales issues d'usages ancestraux, des mœurs et des lois ?

La différence, qu'il va falloir apprendre à creuser, n'est pas anodine.

Dans le premier cas, on se contente de considérer que les outils informatiques se sont d'abord ajoutés, puis substitués parfois, à d'autres outils : lisant sur écran, on imprime moins ; disposant d'outils d'écriture assistée (traitements de texte, intelligences artificielles), nous avons moins besoin de maîtriser les techniques traditionnelles de la calligraphie, d'une part, de la grammaire, de la syntaxe et de l'orthographe, d'autre part. Ici, les choses sont assez simples : avec le progrès, les usages se modifient insensiblement.

Mais, dans le second cas, on fait l'hypothèse que les fondements d'une « société numérique » ne sont pas ceux d'une société traditionnelle et que « le numérique » n'y tient pas lieu de simple outil, mais qu'il en est pour ainsi dire la texture et un mode spécifique de régulation déterminant nos usages sociaux, notre manière de vivre ensemble, de régler nos interactions. Ici les choses sont beaucoup moins simples : et si « le numérique » avait pris le relais des modes traditionnels d'organisation de la société ?

N'en viendrait-on pas alors à poser l'hypothèse d'une société qui délèguerait son destin aux machines informatiques ? D'une société où nos rapports sociaux seraient entièrement médiatisés par les applications auxquelles nous confions la responsabilité de tenir le compte de nos « proches » et même de nos « amis » ? Bref, une « société numérique » ne doit-elle pas être considérée comme une société au sein de laquelle la nature et la qualité des rapports sociaux sont transformées, voire altérées ?

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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